Sim Survivor: un nouvel inédit

Publié le 12 Janvier 2017

D'abord, je vous souhaite une très bonne année 2017. Ensuite, comme promis avant les fêtes, voici un chapitre inédit de Sim Surviror. Sandro et Ambra, au tout début du jeu, assistent à une scène plutôt éprouvante... Bonne lecture!

photo: ©tsuneomp/Fotolia

tsuneomp@Fotolia- J'en peux plus ! gémit le jeune homme en crachant par terre. Pause !

- Pour une fois, je suis d'accord, on va attendre qu'ils disparaissent, décida Ambra en désignant les fuyards et leurs poursuivants. Vaut mieux se cacher.

Elle fonça vers un dolmen caché dans un creux, derrière un rideau d'ajoncs. Trois dalles de la taille de tables à manger, irrégulières, reposaient sur de rudimentaires piliers de granite. Imitant Ambra, Sandro se faufila dans une brèche et pénétra dans l'antique monument. Il se laissa tomber à quatre pattes sur le sol de terre battue pour reprendre son souffle.

- C'est pas vrai, haleta-t-il. Qu'est-ce qui m'arrive ? Comment j'ai pu me retrouver ici ? J'ai l'impression d'être en plein cauchemar.

- Tu y es, répliqua Ambra en essuyant de sa manche son front couvert de transpiration.

Tu y es jusqu'au cou, songea-t-elle. Et à cause de toi, j'y suis aussi.

- D'abord, si tout est réel, si tu penses que les gens meurent pour de bon, pourquoi es-tu là ? T'es gravement masochiste ?

Un cri aigu l'interrompit. Une voix humaine, féminine. Ils rampèrent entre deux piliers rocheux et se faufilèrent dans une brèche pour comprendre ce qui se passait.

Une fille à la longue chevelure rousse, vêtue de jaune, errait au milieu des bruyères. Son nez en trompette et ses petites lunettes lui donnaient presque un air d'écolière.

Elle a forcément plus de seize ans, puisque c'est la règle de Sim Survivor, mais pas beaucoup plus, pensa Ambra. A moins qu'ils ne trichent aussi sur ce point.

- Andrew ? appela-t-elle d'une voix chargée d'angoisse. Andrew, t'es dans le coin?

- Tu devrais la fermer, marmonna Ambra.

- Le mec en jaune, c'était sans doute son ami, glissa Sandro.

Dans la faille étroite, Ambra pouvait sentir le corps de son compagnon contre le sien. Le contact de sa hanche contre la sienne la troubla un instant – elle se souvint avoir souvent rêvé de côtoyer un Apollon de son genre. Elle se contorsionna et sortit la tête hors du dolmen.

- Tu vas nous faire repérer ! protesta Sandro.

- On ne peut pas la laisser mourir.

L'adolescent secoua la tête de gauche à droite en soupirant.

- Quand t'as une idée dans le crâne, c'est pas ailleurs, grogna-t-il.

Sur ce point, tu as parfaitement raison, jugea Ambra. C'est ce que disaitent aussi Mix et les autres rebelles.

- Psssst, appela-t-elle. Hé, toi, viens par ici !

La jeune fille en jaune les aperçut. Elle s'immobilisa près d'un buisson d'ajoncs. Ambra nota la présence de quelques gros insectes autour d'elle – Sandro s'évertuerait à croire qu'il s'agissait de mouches si elle lui en parlait – mais aussi de plusieurs trous de terrier dans le sol, près du bosquet. Elle songea au gnome qu'elle avait vu crépiter dans des flammes violettes.

- Vous n'avez pas vu Andrew ? interrogea la rouquine d'une voix tremblante. Il est habillé comme moi.

- Viens te cacher ! insista Ambra.

- J'espère qu'il n'a pas été éliminé, dit la fille.

Si, il est mort carbonisé comme dans un grille-pain, les spectateurs ont dû prendre leur pied, se désola Ambra.

- Ne reste pas à découvert ou tu vas mourir aussi ! rugit-elle.

La fille cessa de sourire.

- Être éliminée, tu veux dire. Vous avez vu Andrew ?

Cette fille est trop naïve, si je ne la secoue pas, elle va mourir, et nous entraîner dans la mort avec elle.

- Ouais, il a pas été éliminé, il est mort, s'emporta Ambra. Cramé, crevé. C'est pas un jeu, je te le jure.

- Qu'est-ce que tu racontes ? C'est un fake ? Tu veux pourrir la sim ?

- Tu dois te cacher. Viens avec nous, s'il te plaît !

Un gnome jaillit hors du trou, une lance d'une vingtaine de centimètres à la main. Il la planta sans hésiter dans le pied nu de la jeune fille. Celle-ci hurla et recula en sautillant sur une jambe. La lancette dépassait de part et d'autre de son pied, telle une épine géante. Une dizaine d'autres lutins, tous armés de piques, bondirent hors du terrier et s'attaquèrent à ses chevilles, ses talons. La rouquine cria, agita les jambes, dansant d'un pied sur l'autre pour tenter de les frapper. En vain. Les piques transformèrent ses mollets en oursins.

Oh mon dieu ! songea Ambra, révulsée. Pourquoi ne m'as-tu pas crue ?

Elle hésita à se jeter en avant pour l'aider mais resta finalement de marbre. N'oublie jamais que ta mission est prioritaire, avait martelé Mix lors des briefings. La mission avant tout. Des candidats seront éliminés, tu ne devras pas réagir. Ce sera dur, mais tu devras rester inerte comme de l'os.

Inerte comme de l'os.

Quand la rouquine bascula, une horde de lutins se jeta sur elle, lancettes en avant. Des cohortes de farfadets continuaient pendant ce temps à s'extraire des terriers et à converger vers la victime. Ils contournèrent ses jambes agitées de spasmes pour courir vers son buste, son cou, sa tête.

Transpercée par des dizaines puis des centaines de lances miniatures, plus effilées que des aiguilles à tricoter, la jeune fille, couverte de sang, hurla en se contorsionnant.

- C'est atroce, gémit Sandro, visage décomposé, en reculant à quatre pattes vers le centre du dolmen. On peut rien faire pour elle ?

- Sors, si tu veux, répliqua Ambra, dont les joues étaient inondées de larme. Elle ne m'a pas cru. Personne ne me croit.

Et je ne peux rien dire de plus. La mission avant tout. Inerte comme de l'os.

- C'est parce que t'es la seule à te tromper, marmonna son compagnon.

Parce que je suis la seule à connaître la vérité, corrigea-t-elle, et que la vérité, qu'on y croit ou pas, est toujours un fardeau à porter.

Les cris stridents des lutins, à l'extérieur du dolmen, leur portaient sur les nerfs. Le cœur et le moral en miettes, Ambra renifla et se dirigea vers un pilier.

- Les gnomes nous ont peut-être repérés, dit-elle. On doit filer.

Sandro s'assit au milieu du monument.

- Ou rester ici jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Peut-être que ce débile d'Ankou-drouk finira par se lasser et qu'on nous réveillera ?

Mais bien sûr, et les fées sont toutes des anges, se moqua Ambra intérieurement.

Rédigé par loic le borgne - auteur

Publié dans #Bonus

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